Les agroécologistes pensent que les solutions aux problèmes agronomiques locaux doivent être construites par les communautés locales elles-mêmes. Les chercheurs ne viennent donc pas distiller des connaissances. Leur rôle est plutôt de construire et tester des méthodes participatives qui stimulent l'intelligence collective.
A travers des ateliers multi-acteurs, les chercheurs ouvrent des espaces d'expression et de créativité permettant aux communautés rurales de mieux comprendre les causes profondes de leurs problèmes agronomiques et de concevoir des solutions.
Les ateliers reposent sur un échange organisé entre une équipe d'animation et un groupe de participants. Par exemple à Ndiob (Sénégal, août 2022), 50 agriculteurs ont été invités à identifier les principales contraintes pesant sur la production, ainsi que les causes sous-jacentes ; ils ont ensuite été incités à proposer des leviers techniques susceptibles de lever ces contraintes.
Faire émerger des idées complexes ne nécessite pas forcément des moyens technologiques importants. Le kit d'animation principal des chercheurs est composé de padex, de post-it et de marqueurs.
Au cours des ateliers, les membres de la communauté sont invités à diriger eux-mêmes le travail de groupe. Les ruraux se sentent alors mieux impliqués dans le processus.
En milieu rural, les ateliers se déroulent souvent dans des pièces surchauffées, mal aérées et peu éclairées. Ces conditions difficiles se répercutent dans l'attitude de certains participants, notamment après le déjeuner.
Les femmes et les jeunes sont souvent mal représentés et défavorisés dans les groupes de travail pour des raisons culturelles. Les animateurs doivent équilibrer la parole et encourager les plus faibles à s'exprimer.
Chaque fois, les communautés montrent un niveau élevé d'engagement face au travail acharné que les chercheurs leur demandent de faire. Leur engagement est probablement motivé par une prise de conscience de l'urgence d'innover, dans un contexte de changement climatique et de dégradation rapide des ressources naturelles.
Les ateliers se déroulent généralement dans la langue locale. Ainsi, lorsque des chercheurs étrangers participent à un atelier, ils restent souvent à l'écart du processus de facilitation.